Son-et-lumiere

When I was a boy with never a crack in my heart.

Dimanche 27 mars 2011 à 3:14

         J’aimais, de ma main droite, lui caresser la joue. Placer le bout de mes doigts dans cette douce partie qui n’est plus le visage, mais pas encore le cou. Sous ou derrière l’oreille ce n’était pas pareil. Lorsque mes dernière phalanges restaient sur son visage, ma paume sur sa joue réchauffait son visage, et de mon pouce libre, je balayais cette autre zone  juste sous son oeil droit, et me perdais dans son regard. Le monde était dans son regard, ses yeux : l’amour de tout le globe terrestre, la beauté de ces iris bleus et jaune qui fin mars s’éveillent, la voix très maternelle de ma prof d’anglais parlant de «pupil», le son cristallin d’un triangle bien accordé... Et je m’y perdait longtemps, ne pensant plus à rien, même pas à elle, tout simplement doté de la douce insouciance d’un homme qui est heureux. Mais ne sachant jamais me retenir, il fallait toujours que ma paume glisse vers l’arrière, passe sous son oreille, et que mes doigts viennent se perdre dans ses cheveux, ne manquant jamais de la faire râler car je défaisais sa queue de cheval. J’avais alors une prise plus ferme, je lui tenais la tête, et pouvais la guider. C’était de tout façon moi qui approchais mon visage. Et ses lèvres n’étaient pas toujours douces, parfois un peu gercées, parfois un peu sèches, mais toujours aussi belles. Je regardais surtout avec ma bouche, frottant mes lèvres contre les siennes, pour en admirer les formes et les couleurs, faisant durer l’attente avec ce petit plaisir malsain que l’on peut avoir a se faire désirer, et surtout tâchant de toujours libérer la tension dans la plus grande douceur. Le baiser doux signifiait toujours les premiers frissonnements. Lorsque les lèvres caressantes résonnaient avec les lèvres caressées, de légères pressions se refermaient sans bruit, les yeux abaissaient leurs rideaux, et l’on se sentait quelque chose dans la poitrine. Les frissons de plaisir perturbaient la tendresse et faisait s’ouvrir les bouches. Mon baiser préféré était un funambule, ni volant ni terrestre, se jouant du désir en s’ouvrant a moitié. Attachées à un fil qui allait bien casser, les langues désiraient, bougeaient, sans encore se toucher, et, espérant se rencontrer, allongeaient les baisers. Le souffle devenait plus fort, alors, échauffant l’atmosphère, et le corps s’emplissait de cette sensation, et le désir frustré a force de crier, se faisait entendre.

Il me semble qu’elle n’y est plus sensible
Il me semble qu’elle en a marre
Ces plaisirs d'intellectuel, théorisant quelque chose qui se vit, cherchant presque l’inconfort par ces douces frustrations, raisonnant sur le domaine du coeur, ca ne lui parle pas. Toute la tendresse du monde que j’ai a lui donner, elle ne la désire plus.

Lui, il a fourré sa langue dans sa bouche dans les vapeurs d’alcools les débris de bouteilles sur les quais de la seine là ou jamais je n’ai pu l'emmener car elle ne voulait pas et ou la nuit trainent les clochards aussi ivres que les autres qui regardent la scène d’un air hilare abrutis par la bière et qui veulent des rappels qu’ils donnent avec plaisir durant toute la soirée.

 Et elle l’a préféré.

Cela vaut mieux pour elle, elle «profite de la vie», elle est libre, elle est émécheureuse, elle s’évade, elle découvre, elle dispose de son temps, elle...

 

Mais n’a-t-on pas le droit en secret de penser a son bonheur tout de même lorsqu’on le sacrifie pour celui des autres ?

Commentaires

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Par monochrome.dream le Dimanche 27 mars 2011 à 16:18
Et si l'on ne pense pas à son bonheur propre, qui le fera ? Est-ce qu'il faut espérer que quelqu'un le fasse ? A-t-on le droit de compter sur les autres pour prendre soin de lui ?
Je crois que c'est injuste de le sacrifier définitivement. Qu'on peut abandonner (par désir ou nécessité) l'une des formes qu'il prend avec certains espoirs, certains amours, mais que le bonheur n'est pas cette petite bête fragile et rigide qui ne survit qu'en une seule structure. C'est malléable le bonheur ; on l'écrase par ici?, il repousse ailleurs, autrement. (J'ai eu ça dans ma chair et ma vie tout entière, un jour : la fin du monde puis une genèse. Donc ça existe, je ne divague pas, promis).

(j'hésite depuis au moins 5min à poster ce commentaire. Il est sincère mais je le trouve pataud, peut-être malvenu. J'oscille entre ça et le silence. Bon, je l'envoie, allez, hop, adjugé.)
Par Anicroche le Dimanche 27 mars 2011 à 17:02
Comme tu le disais, c'est risqué de mettre une partie de sa vie entre les mains de quelqu'un d'autre... sans compter qu'on ne sait jamais ce que fera l'autre personne...
En tout cas cet article est très joliment écrit.

Sinon, pour les coordonnées de la loueuse de la personne que tu connais (oulah la longue périphrase pour une simple petite dame), ça m'intéresse grandement ! Si jamais tu les obtiens, tu n'auras qu'à les envoyer sur la messagerie de mon compte Cowblog ^^
Par serpe-hier le Dimanche 27 mars 2011 à 19:14
c'est un très beau triste texte...
Par Nezu le Dimanche 27 mars 2011 à 21:32
Et suite à une longue explication, ainsi qu'à la lecture de ce texte, elle décidât d'arrêter tout ça, et, comme elle l'espérait depuis des mois à présent, elle se laissa repêcher par son amour...
Je t'aime.
Par Chachou le Jeudi 31 mars 2011 à 20:27
C'est beau, et triste aussi, mais surtout beau, je trouve. Tu trouves les bons mots, ceux qui sonnent juste, ça fait du bien de voir qu'il y en a qui y arrivent. Et tu y arrives.

Always look at the bright sight of life, mais parfois c'est difficile, y a des périodes comme ça... C'est marrant, peut-être qu'on cherche tous les deux la nouveauté, ou des choses différentes. Je les connais trop, les filles, j'en suis une moi-même et en fait, je me prends souvent à rêver que je suis un garçon. J'aurais bien aimé. On se prend trop la tête, selon moi, ou alors quand on y va au feeling ce sont les autres filles qui se prennent la tête, c'est interminable, malsain et moche, laid laid que c'est laid. Surtout en ce moment.

Ton texte m'a toute chamboulée.
Par http://www.aa31.fr le Samedi 2 juillet 2016 à 3:32
Ce n'est pas du radotage, c'est de la pédagogie.
 

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