L’horloge
L’horloge de chêne tricote
avec ses aiguilles de fer
un invisible pull-over
et le temps lui sert de pelote.
Maille à l’endroit, maille à l’envers,
le temps lui file entre les doigts,
fil de neige pour les jours froids
et fil d’herbe pour les jours verts.
Une heure noire, une heure blanche,
crochetées et croisées sans trêve,
l’écheveau des nuits et des rêves
se dévide au bout de ses branches.
Qui portera ce vêtement
qu’elle tisse avec tant d’adresse
sa laine douce est la caresse
de quel hiver, de quel printemps ?
Elle tisse car le temps presse,
maille blanche sur maille noire,
en ignorant que la mémoire
défera les fils qu’elle tresse.
Elle a beau nouer et lier
le fil qui se perd et se casse,
nul n’a pu s’habiller
de la laine du temps qui passe.
Charles Dobzynski
C'est splendide.