Une aube pâle emplit le ciel triste ; le Rêve,
Comme un grand voile d'or, de la terre se lève.
Avec l'âme des roses d'hier,
Lentement montent dans les airs
Comme des ailes étendues,
Comme des pieds nus et très doux,
Qui se séparent de la terre,
Dans le grand silence à genoux.
L'âme chantante d'Ève expire,
Elle s'éteint dans la clarté ;
Elle retourne en un sourire
A l'univers qu'elle a chanté.
Elle redevient l'âme obscure
Qui rêve, la voix qui murmure,
Le frisson des choses, le souffle flottant
Sur les eaux et sur les plaines,
Parmi les roses, et dans l'haleine
Divine du printemps.
En de vagues accords où se mêlent
Des battements d'ailes,
Des sons d'étoiles,
Des chutes de fleurs,
En l'universelle rumeur
Elle se fond, doucement, et s'achève,
La chanson d'Ève.
Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
(Je ne propose surtout pas de musique, ce serait une offense à van Lerberghe que ne pas laisser ses mots chanter d'eux même.)
Son-et-lumiere
When I was a boy with never a crack in my heart.
Vendredi 3 décembre 2010 à 21:29
Commentaires
Par monochrome.dream le Samedi 4 décembre 2010 à 9:59
J'aime bien quand tu nous laisses de petits (mais grands) poèmes à savourer. Celui-ci me laisse songeuse.
Par Dimanche 5 décembre 2010 à 19:53
le Chaque vers est vraiment magnifique...
Par Mercredi 31 août 2016 à 11:14
le J'imagine qu'en concert elle doit être complètement envoutante !
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