Son-et-lumiere

When I was a boy with never a crack in my heart.

Jeudi 8 décembre 2011 à 13:12

"Prose spontanée"

  1. Carnets secrets, couverts de gribouillis, et pages follement dactylographiées, pour votre propre plaisir
  2. Soumis à tout, ouvert, à l’écoute
  3. N’essayez jamais de vous soûler en dehors de chez vous
  4. Soyez amoureux de votre vie
  5. Ce que vous ressentez trouvera sa propre forme
  6. Soyez fou, soyez un saint abruti de l’esprit
  7. Soufflez aussi profondément que vous souhaitez souffler
  8. Écrivez ce que vous voulez sans fond depuis le fin fond de l’esprit
  9. Les visions indicibles de l’individu
  10. Pas de temps pour la poésie, mais exactement ce qui est
  11. Des tics visionnaires tremblant dans la poitrine
  12. Rêvant en transe d’un objet se trouvant devant vous
  13. Éliminez l’inhibition littéraire, grammaticale et syntactique
  14. Comme Proust, soyez à la recherche du joint perdu
  15. Racontez la véritable histoire du monde dans un monologue intérieur
  16. Le joyau, centre d’intérêt, est l’œil à l’intérieur de l’œil
  17. Écrivez pour vous dans le souvenir et l’émerveillement
  18. Travaillez à partir du centre de votre œil, en vous baignant dans l'océan du langage
  19. Acceptez la perte comme définitive
  20. Croyez en le contour sacré de la vie
  21. Luttez pour esquisser le courant qui est intact dans l’esprit
  22. Ne pensez pas aux mots quand vous vous arrêtez mais pour mieux voir l’image
  23. Prenez note de chaque jour la date blasonnée dans votre matin
  24. Pas de peur ou de honte dans la dignité de votre expérience, langage et savoir
  25. Écrivez de façon que le monde lise, et voie les images exactes que vous avez en tête
  26. Livrefilm est le film écrit, la forme américaine visuelle
  27. Éloge du caractère dans la solitude inhumaine et glacée
  28. Composer follement, de façon indisciplinée, pure, venant de dessous, plus c’est cinglé, mieux c’est
  29. On est constamment un Génie
  30. Scénariste-Metteur en scène de films Terrestres Sponsorisés et Financés par les Anges au Paradis


Jeudi 3 novembre 2011 à 12:26

Nevermore

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. 
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant
" Quel fut ton plus beau jour? " fit sa voix d'or vivant,

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. 
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !

Paul Verlaine, 2011, dans la peau de Musi.

Vendredi 22 avril 2011 à 15:38

Raconter des bêtises avec Kyra....
Oh tient, c'est un super occasion de faire un article !
Cet année (2011 après JC), ca fait 42 ans que George Perec a écrit son Palindrome. Avec un pet majuscule (voire magistral) attention. C'est le plus long de la langue française. Il comporte 5566 lettres, qui est le résultat de 11x23x2x11, qui est bien sûr palindromique. Eh ouais le mec il a calculé et il a fait exprès. Un finnois beaucoup plus fou encore en a fait un cinq fois plus long (mais en finnois...)

Qui c'était George Perec ?
Inculte, lis ca :
>George Perec était verbicruciste (entre autres)<

C'est quoi un palindrome ?
Mais t'as jamais été à l'école ou quoi ?!  Lis ceci : 
>il y en a dans toutes les langues, dans tout les languages, même en informatique ou en mathématiques<

En donc voilà un lien vers ce palindrome




Tout ca pour dire que c'est inutile, tordu... De la littérature quoi !

http://jihane.berrada.free.fr/shadocks/shadok16.jpg

Dimanche 27 mars 2011 à 15:26

Ah! les oaristys! les premières maîtresses!

L'or des cheveux, l'azur des yeux, la fleur des chairs,
Et puis, parmi l'odeur des corps jeunes et chers,
La spontanéité craintive des caresses!

Sont-elles assez loin, toutes ces allégresses
Et toutes ces candeurs! Hélas! toutes devers
Le Printemps des regrets ont fui les noirs hivers
De mes ennuis, de mes dégoûts, de mes détresses!

Si que me voilà seul à présent, morne et seul,
Morne et désespéré, plus glacé qu'un aïeul,
Et tel qu'un orphelin pauvre sans soeur aînée.


O la femme à l'amour câlin et réchauffant,
Douce, pensive et brune, et jamais étonnée,
Et qui parfois vous baise au front, comme un enfant! 

P.V.

Samedi 5 mars 2011 à 22:26

Internet est un outil fabuleux. Il suffit de se laisser porter et de s'interesser. Encore un texte que le hasard m'a proposé alors que je faisait des recherches sans rapport... Tout est sur internet, surtout ce a quoi l'on ne s'attend pas. Et c'est bien le rôle que je m'impose, vous souffler a l'oreille ce que le vent m'apporte de beau.

"Marmonneur de mots"
 Hommage à Aimé Césaire


 

Le chat plissait les yeux dans la langueur crépusculaire

 

Loin les tam-tams

 

L'homme chantait fraternel et fier

 

Le chat se rêvait grand lion nonchalant dans la savane

 

 

 

Loin les rives du Congo, loin les ancêtres

 

L'homme debout psalmodiait

 

 

 

La sueur ruisselait sur les torses nègres

 

Sourde clameur, claquements secs des fouets, fers rouges

 

Mais blancs, blancs les hurlements d'agonie dans le silence

 

 

 

L'homme chantait plus fort

 

Ravivant les consciences

 

 

 

Touffeur de la nuit tropicale, effluves obsédants de l'océan

 

Troubles visions, effroi sensuel

 

Épouvantable splendeur des corps tordus à la lueur des torches

 

Songes moites, érotiques et barbares

 

 

 

Aimé le flamboyant déversait un torrent de cruelle beauté

 

Une mélopée de révolte apaisante

 

"car l'homme qui crie n'est pas un ours qui danse"

 

 

 

l'homme qui crie n'est pas un ours qui danse

Et le chat marron plissait ses yeux d'ambre.

 

 

Sylvaine Reyre.



Ce poème n'est pas sans me rappeler "Au coeur des ténèbres" de J. Conrad, dont je parlais -ici-



Mercredi 9 février 2011 à 21:52

Un essai sur la consolation et liberté, mais surtout un texte extrêmement riche de Stig Dagerman.

Il faut 20minutes libres, a écouter et non pas a entendre, a être capable de se concentrer.

Il ne faut pas beaucoup plus pour lire. 


Il m'en a fallu beaucoup plus avant de commencer a comprendre ce texte, a aller au delà de la beauté des images et du style. Au bout de 3 ans que les Têtes raides me l'on fait découvrir, il me reste toujours bien des points obscurs, dont je suis obligé de n'admirer que la poésie.




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"Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auquel j'aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ?"


Il me semble que ce texte est incontournable, et je suis certain que pour quiconque s'interesse à la mise en musique de texte, cette version des Têtes Raides est une référence en la matière de compréhension profonde d'un texte, d'adaptation originale, de diction claire et entrainante... Prenez le temps :)

Mardi 8 février 2011 à 22:31

http://son-et-lumiere.cowblog.fr/images/IMG8721.jpg



































La Mort et le Bûcheron

Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,C'est la devise des hommes.

La Fontaine.


En hommage a quelqu'un qui m'était très cher.




Mercredi 12 janvier 2011 à 22:32


Écho a un article récent sur la musique religieuse, j'ai trouvé ce petit poème de Rilke. Je sais que tu connais, tu as ses "Lettres a un jeune poète" et sait les apprécier.



Si l'on chante un dieu, 
ce dieu vous rend son silence. 
Nul de nous ne s'avance 
que vers un dieu silencieux.

Cet imperceptible échange
qui nous fait frémir,
devient l'héritage d'un ange
sans nous appartenir.

              Si l'on chante un dieu, Rainer Maria Rilke



http://son-et-lumiere.cowblog.fr/images/IMG8887signe.jpg




Vendredi 31 décembre 2010 à 14:51

Put off that mask of burning gold
With emerald eye'
O no, my dear, you make so bold
To find if heart be wild and wise,
and yet not cold'
I would but find what's there to find,
Love or deceit.'
It was the mask engaged your mind,
And after set your heart to beat,
Not what's behind'

But lest you are my enemy,
I must enquire'
O no, my dear, let all that be;
What matter, so there is but fire
In you, in me ?'


                                                        The Mask, William Butler Yeats

Samedi 11 décembre 2010 à 15:04

Oh, tu as vu google ? 
Puisque la date le propose, j'ai prévu de te chuchoter un extrait de poème. En musique.



 
Un soir, nous étions seuls, j'étais assis près d'elle ;
Elle penchait la tête, et sur son clavecin 
Laissait, tout en rêvant, flotter sa blanche main. 
Ce n'était qu'un murmure : on eût dit les coups d'aile 
D'un zéphyr éloigné glissant sur des roseaux, 
Et craignant en passant d'éveiller les oiseaux. 
Les tièdes voluptés des nuits mélancoliques 
Sortaient autour de nous du calice des fleurs. 
Les marronniers du parc et les chênes antiques 
Se berçaient doucement sous leurs rameaux en pleurs. 
Nous écoutions la nuit ; la croisée entr'ouverte 
Laissait venir à nous les parfums du printemps ; 
Les vents étaient muets, la plaine était déserte ; 
Nous étions seuls, pensifs, et nous avions quinze ans. 
Je regardais Lucie. - Elle était pâle et blonde. 
Jamais deux yeux plus doux n'ont du ciel le plus pur 
Sondé la profondeur et réfléchi l'azur. 
Sa beauté m'enivrait ; je n'aimais qu'elle au monde. 
Mais je croyais l'aimer comme on aime une soeur, 
Tant ce qui venait d'elle était plein de pudeur !
Nous nous tûmes longtemps ; ma main touchait la sienne.
Je regardais rêver son front triste et charmant, 
Et je sentais dans l'âme, à chaque mouvement, 
Combien peuvent sur nous, pour guérir toute peine, 
Ces deux signes jumeaux de paix et de bonheur, 
Jeunesse de visage et jeunesse de coeur. 
La lune, se levant dans un ciel sans nuage, 
D'un long réseau d'argent tout à coup l'inonda. 
Elle vit dans mes yeux resplendir son image ; 
Son sourire semblait d'un ange : elle chanta.

 


Extrait de Lucie - Alfred de Musset


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